Georges Baumgartner, Radio suisse romande, Tokyo. Toujours branché sur les ondes de La Première et de France Info, Pascal Baeriswyl connaît la signature vocale par cœur. Lui aussi en mériterait une, tiens. Pascal Baeriswyl, La Liberté, Fribourg. Une ville depuis laquelle cet historien de formation se plaît à raconter l’actualité internationale, et pas seulement japonaise. Le début de l’aventure remonte à 1987. «Je suis un peu la mémoire de cette rubrique», s’amuse l’un des trois «survivants» de la rédaction à avoir été engagé par François Gross.
«Il fut un temps», comme il dit, où il était moins compliqué de prendre le large dans le cadre du travail. Notamment grâce aux voyages de presse. «Lorsque la conjoncture était bonne, il y avait plus de possibilités et des projets un peu fous. Roger de Diesbach m’avait envoyé en Corse à la fin des années 90 pour prendre le pouls de l’île après la série d’attentats qui ravageaient la région», se souvient-il. Pas de quoi lui donner envie de devenir journaliste de guerre. «J’en aurais été bien incapable!»
Pas de leçons à donner
Vulgariser, expliquer et commenter ce que l’on n’a pas vu de ses propres yeux: un défi d’autant plus relevé que les journalistes «inter» n’ont pas ou peu accès aux protagonistes de l’histoire. «De toute façon, qui peut aller au Xinjiang (Chine) ou au Sahel aujourd’hui?» interroge le responsable de la rubrique étrangère.
D’où l’importance d’avoir un répertoire téléphonique bien garni. «J’ai réuni peu à peu une longue liste de spécialistes, provenant en particulier de plusieurs instituts de recherche français, capables d’apporter un éclairage très pointu», explique Pascal Baeriswyl, dont une partie du boulot consiste à mettre en forme et «rendre compréhensibles» les textes achetés à l’extérieur. En plus de l’accord lui permettant de reprendre des articles de Libération et La Libre Belgique, le 1er cahier dispose d’une flopée de correspondants fixes (France, Allemagne, Italie) ou occasionnels (Chine, USA, Brésil, Inde, Israël, etc.).
«Ma longévité me permet de me rappeler ce qu’il s’est passé sous les cinq derniers présidents français.»
Pascal Baeriswyl
Et puis, il y a le commentaire. L’exercice favori de Pascal Baeriswyl, qui ne rechigne jamais à donner son éclairage. Mais pas n’importe comment. «Je suis conscient des limites de l’exercice. C’est pourquoi j’ai tendance à modérer mon propos. Un commentaire ne sert pas à donner des leçons, cela tient plutôt de la mise en perspective historique et d’une contextualisation de l’info.» Avoir du recul et en prendre: pas un problème quand on a 34ans de boîte au compteur. «Ma longévité me permet de me rappeler ce qu’il s’est passé sous les cinq derniers présidents français.»
L’heure de la retraite
Généraliste viscéral, mais attiré notamment par le conflit israélo-palestinien et très au fait des pays qui entourent la Suisse, «PAB» bouffe de l’actu toute l’année. Par tous les canaux. Tout le temps. «J’essaie quand même de débrancher une semaine ou deux par année, sourit-il. Mes collègues font plus facilement des pas de côté. Moi, j’effectue un travail de surveillance et de coordination et je réagis s’il se passe quelque chose.» Et il se passe toujours quelque chose. «L’inter demande une souplesse extraordinaire et produit beaucoup de déchets. Un papier écrit et monté dans l’après-midi nécessite parfois d’être actualisé à 23h, s’il ne passe pas tout simplement à la poubelle…»
Parti balader sa plume dans plusieurs pays ces trois dernières décennies, il se prépare, à 62ans, à un autre grand départ l’année prochaine: celui de la retraite. «Mes habitudes ne vont pas me lâcher, même si ce sera à un degré moindre.» C’était Pascal Baeriswyl, La Liberté, Fribourg.